Je me trompe peut-être, mais voici une boisson (« la boisson des yogis », dit-on parfois…) qui me semble un peu passée de mode… et c’est bien dommage car elle a d’innombrables vertus tout en étant ultra simple à préparer quand on a les ingrédients sous la main… (Ooooooh non non non, verser de l’eau chaude sur un sachet n’est pas la bonne méthode, et d’ailleurs ce n’est pas bon…) Je vous l’ai présentée dans le cadre d’un cours « yoga pour dissoudre l’anxiété et la dépression » cette semaine, mais honnêtement, elle convient à tout, de l’automne au printemps, et dans ce creux d’hiver où nous manquons cruellement de lumière, elle saura particulièrement booster l’immunité et ré-enchanter les coeurs, sans pour autant survolter le système nerveux (bien au contraire…) !
Alors on l’appelle « golden milk » en anglais, « lait d’or » en français ou « haldi doodh » en hindi… et ce latté au curcuma comme on pourrait dire encore, est un délicieux moyen de profiter des bienfaits de la curcumine au quotidien. Je me souviens que lorsque je vivais en Inde, nous en prenions une petite « boule » religieusement chaque matin, et bien-sûr, cette chatoyante épice est là-bas de tous les currys & autres masala (ainsi que dans les meilleures crèmes ou masques pour la peau ! ). Et pour ce qui est « d’ici et maintenant », je trouve que ce lait solaire est une magnifique manière d’honorer ce tout-début février, IMBOLC sur le calendrier Celte, qui marque le mitan de l’hiver, à mi-chemin entre le solstice de décembre et l’équinoxe de printemps. Une manière (plus saine que la traditionnelle « galette »…) d’incorporer le soleil, et de retrouver joie, santé et énergie…
15 bienfaits du lait d’or :
Outre le lait (animal si vous le digérez, végétal sinon), le curcuma (curcuma longa, Haridrā en sanskrit, « tirant sur le jaune » ou kuṇkuma, « crocus ») est l’ingrédient principal du lait d’or. Et le curcuma, ou disons la curcumine qu’il contient est un véritable trésor (très’ or…) de la pharmacopée āyurvedique… Associé(e) au poivre (toujours !!!!) et autres épices (facultatives) de cette recette, ses bienfaits n’en sont que démultipliés… et nous sommes sans doute encore loin de les avoir tous élucidés (notamment du point de vue énergétique)… En voici une quinzaine :
- anti-inflammatoire (soulage indéniablement les articulations, et pour revenir à mon thème de cours, les personnes cliniquement angoissées ou déprimées présentent souvent des marqueurs inflammatoires)… Donc, également anti-déprime, anti blues hivernal, anti stress. Anti-tendinites. Favorise le mouvement. D’où son surnom de « lait des yogis » ?
- antioxydante, la curcumine est riche en polyphénols (lutte contre le vieillissement cellulaire)
- booste l’immunité (encore plus avec le gingembre, l’auuuuutre rhizome vedette de cette recette…)
- facilite la digestion (augmente Agni, aide notamment à l’assimilation des protéines) et corrige l’acidité (le curcuma est alcalin)
- améliore la gestion du sucre, donc le diabète (la cannelle agit aussi dans ce sens)
- protège et détoxifie le foie
- diminue l’hypertension (« nourrit le sang », rakta en Āyurveda, renforce le coeur et améliore la circulation en général)
- augmente le bon (HDL) et diminue le « mauvais » (LDL) cholestérol et ferait perdre du poids…
- calme la rhinite allergique
- tue les vers intestinaux (et protègerait de la gastroentérite)
- soulage l’eczéma et le psoriasis (bon pour les problèmes de peau en général qu’il rend belle et lumineuse… eeeeet pour les aphtes)
- préviendrait les cancers et les maladies neuro-dégénératives (certains disent que c’est grâce au curcuma qu’ils mettent « partout », que les indiens ne font pas – ou peu sans doute, de maladie d’Alzheimer)…
- apaise + régénère le système nerveux et fait bien dormir (voir plus bas…)
- « tridoshique » (convient aux trois doṣas, même si bien-sûr, pitta ne doit pas en abuser car le curcuma, ne serait-ce que par sa belle couleur jaune-orangée, est « feu »…)
- permet d’ajouter l’amer (sa saveur, rasa) et l’astringent (son effet énergétique, virya) à ses menus
Non vraiment, le seul inconvénient que je vois au curcuma (et donc au lait d’or), et c’est souvent ce pourquoi je l’omets dans mes plats…, c’est qu’il tâche… les doigts, les dents, la vaisselle, les éponges, les extracteurs de jus, eeeet bien entendu les vêtements… et il est vraiment difficile de le « ravoir », surtout sur du blanc… mais bon, son principe actif, la curcumine est un pigment, on ne peut pas reprocher à un pigment de nous colorer la vie ! 💛
la recette du lait d’or maison
Vous aurez besoin de :
- une petite casserole
- un mini fouet ou mousseur à lait ou bien une cuiller en bois
- éventuellement une râpe, un blender et une passoire
ingrédients principaux :
- 1 tasse de lait (de vache ou autre lait animal si vous le digérez, ou un lait végétal GRAS comme le « lait » d’amande, de coco ou de cajou, que l’on peut faire soi-même si l’on dispose d’un blender)
- 1 cuillère à café de ghee ou d’huile de coco (la curcumine est liposoluble, elle a besoin de gras pour être absorbée)
- 1/2 cuillère à café de curcuma en poudre (ou l’équivalent frais et râpé)
- 1/2 cuillère à café de gingembre en poudre (ou l’équivalent frais et râpé)
- une pincée de poivre (la pipérine permet d’améliorer de 3 à 20 fois ! l’absorbtion de la curcumine, qui seule, passe mal la barrière intestinale)
et en option :
- un peu de cardamome, cannelle, badiane, clou de girofle ou de muscade (trèèèèèès calmante)…
- de la vanille (ce n’est pas traditionnel mais souvent apprécié…)
- une datte Medjoul ou un peu de sucre complet (exemple de coco ou rapadura) ou miel ou mélasse, ou ce que vous aimez pour sucrer
- Et pour décupler les bienfaits de votre lait d’or, vous pouvez également y ajouter vos adaptogènes personnels : tulsi, ashwagandha, astragale, boswelia, maca, ginseng ou éleuthérocoque etc…, c’est une bonne manière de (ne pas oublier de) les prendre… 🌿
Voici comment faire :
Alors évidemment, on peut tout mettre dans une casserole et attendre que le mélange chauffe… mais en Inde on aime bien faire un peu « chanter » les épices, qu’elles se « réveillent » et fassent connaissance entre-elles… de plus, vous vous voulez arriver à quelque-chose de bien crémeux, un peu épais et très très doux en bouche… rien à voir avec un vulgaire et imbuvable « curcuma à l’eau » 🤢… Aussi, voici comment procéder :
Faire fondre le ghee ou l’huile de coco (option vegan) dans une petite casserole… ajouter les épices râpées si vous en utilisez, puis les épices en poudre et remuer une petite minute, jusqu’à ce qu’une bonne odeur se dégage… Verser ensuite le lait, et porter à frémissement. Attention, le lait d’or ne doit pas bouillir mais frémir pendant 5 à 10 minutes à feu doux. Pendant ce temps, continuer de remuer, avec un petit fouet (un fouet à cosmétique fait l’affaire) ou avec un mousseur à lait (je sais bien qu’on en trouve qui fonctionnent à piles, mais je préfère celui que j’ai déniché en vide-grenier et qui est tout manuel), ou simplement à la cuillère. Voilà, vous pouvez filtrer (ou non si vous n’avez utilisé que des poudres), et déguster…
Ah, j’oubliais, pour les becs sucrés… vous pouvez rajouter un peu de vanille (ça ne sucre pas – sauf si votre extrait a une base caramel, mais ça en donne l’impression), ou de sucre complet, ou de mélasse (pleine de fer), ou de miel (attendre dans ce cas que le lait ait un peu tiédi avant de l’ajouter). Ou bien une datte (ou une demie datte), les dattes sont très appréciées pour l’immunité en Āyurveda… dans ce cas, le plus simple est sûrement d’avoir un blender, d’y verser le lait d’or avec la datte (dénoyautée !!!!), de mélanger, eeeeeet de servir…
Une autre méthode : consiste à préparer à l’avance une « pâte de curcuma ». Pour ce faire, les bonnes proportions sont 1/4 de tasse de curcuma en poudre + 1/2 cc de poivre + 1/2 tasse d’eau. On fait là aussi doucement chauffer ce mélange à la casserole en remuant jusqu’à ce que ça épaississe et forme une pâte (comme du miso) que l’on conservera dans un bocal au frigo pendant un mois. On peut aussi, au moment où le mélange commence à « prendre », ajouter 1cs d’huile de coco, ou bien on l’ajoutera plus tard, à la dégustation. C’est une très bonne méthode si vous consommez votre lait d’or quotidiennement car vous avez déjà votre base de prête (il n’y a plus qu’à diluer 1/2 cc de pâte dans une tasse de lait sans oublier les autres ingrédients (huile si non-incorporée, épices et sucrant). Généralement je préfère préparer mon lait d’or « à la demande », mais je trouve que la pâte est vraiment très pratique pour consommer le curcuma « façon complément », et hop, une petite cuiller a-jeun le matin avant ma pratique, comme je le faisais en Inde… 🙌 (Attention quand même aux estomacs fragiles…)
Voilà pour la recette… Vous pouvez apprécier votre lait d’or à tout moment de la journée… Certaines personnes trouvent qu’il remplace bien le café au petit-déjeuner et ont réussi à s’en passer grâce au curcuma latté (quelquefois en ajoutant un peu de thé vert ou noir à la poudre de base 🤫)… mais plus traditionnellement, le lait d’or est bu le soir juste avant d’aller au lit car il aide à l’endormissement. Nos grands-mères savaient ça du lait chaud… qui, comme nous l’avons appris depuis, contient du tryptophane, un précurseur de la mélatonine (l’hormone « du sommeil) eeeeet de la sérotonine (l’hormone dîte « du bonheur »). Deux hormones également activées par l’exposition de notre corps à la lumière du soleil, hé hé, CQFD !
Voilà… Je vous souhaite de belles tasses pleines de soleil, « drink and shine » ✨…, Gwenaëlle