Il fait tellement froid ces derniers jours, que je trouve le moment bienvenu pour repartager ici avec vous le tuto de mon châle de méditation. Oh, ni plus ni moins qu’un demi « carré de grand-mère » (« a half granny square »), un ouvrage au crochet niveau débutant (ma fille s’en sort parfaitement, et depuis longtemps…), mais dont on a parfois du mal à retrouver le modèle, vous saurez donc qu’il est ici… Et puis, comme en yoga, je trouve que les choses les plus simples sont souvent les plus apaisantes, et si ce châle est très agréable et réconfortant à porter les matins d’hiver, il est aussi très répétitif, et donc très « méditatif » (pour ne pas dire addictif…) à réaliser une fois que l’on a compris le point (plus à ce sujet au paragraphe « crocheter conscient » en bas de page)…
J’ai réalisé le mien dans une laine bien épaisse, bien chaude et bien moelleuse, une pure laine bio péruvienne (l’ecological wool de Cascade Yarns, colori naturel), achetée à l’époque chez Laine et Tricot (je choisirais sans doute plutôt une laine d’occasion aujourd’hui, quoique celle-ci soit merveilleuse et inusable…). Deux écheveaux (un, c’est un peu court pour un châle mais peut suffire pour un tour de cou ou un petit gabarit…). Je l’ai terminé il y a huit ans !!!!, je m’en sers tous les jours, lors de mes pratiques matinales, en début et fin de séance, pour aller respirer dans le jardin ou en attendant que vous n’arriviez, et que le poêle ne réchauffe la pièce (cela vous étonne souvent, mais je chauffe rarement pour moi toute seule, heureusement que vous venez…), et bref… il n’a pas bougé !
Le tuto :
Vous n’aurez besoin que de peu de choses… Et j’avoue d’ailleurs que cela me laisse toujours admirative (pour celles qui ont inventé cet art, plus minimaliste encore que le tricot), de voir tout ce que l’on peut faire avec un simple petit bâton (vous avez dit low tech ?!!!), une petite baguette magique en somme, connue depuis au moins le Moyen-Âge des religieuses et des dames de cour : le crochet.
Fournitures : vous aurez besoin d’un crochet taille 4,5 (ou correspondant à votre fil), d’une laine de votre choix (pour ma part j’ai utilisé 2 écheveaux de Cascade Yarns, soit 874 mètres de fil !), d’une paire de ciseaux et d’une aiguille à laine pour rentrer les fils à la fin du travail. Points employés (deux seulement) : la maille en l’air (on tourne le fil autour du crochet = un jeté, et on le ramène à travers la maille du crochet, simplissime !!!!) et la bride (un jeté, piquer le crochet dans l’interstice, un jeté, ramène sous une boucle, un jeté, ramène sous deux boucles, un jeté, ramène sous deux boucles 😅 !)
- Pour commencer : faites une chaînette de 4 mailles en l’air (ml), que vous réunissez par une maille coulée (ou, plus moderne, faîtes un cercle magique…)
- Rang 1 : Puis, dans ce cercle : 4 mailles en l’air (comptent pour une bride + 1ml), suivies d’un groupe de 3 brides, 2 mailles en l’air, un groupe de 3 brides, 1 maille en l’air, une bride (oui oui, tout ça dans le même cercle).
- Rang 2 : Tournez l’ouvrage, à nouveau 4 mailles en l’air, un groupe de 3 brides dans le 1er interstice, une maille en l’air. Puis un groupe de 3 brides dans le 2ème interstice, 2 mailles en l’air (on est à la pointe ! du châle…), un groupe de 3 brides (toujours dans ce même arceau « central »), une maille en l’air. Et dans le dernier espace : un groupe de 3 brides, une maille en l’air, une bride, tournez.
- Rang 3 : 4 mailles en l’air, groupe de 3 dans le premier espace, une maille en l’air, groupe de trois dans le 2ème espace, maille en l’air, groupe de trois, 2ml, groupe de trois dans le même espace (on est au centre), groupe de trois, maille en l’air, groupe de trois, maille en l’air, une bride, tourne.
- Rang 4 et suivants : 4 ml, groupe de trois, ml, groupe de trois, ml, etc… attention au centre… Et l’on continue comme ça jusqu’à plus de laine…
Pour résumer, l’idée c’est de toujours faire 3 brides dans l’espace formé par la maille en l’air du rang précédent, sauf au centre de l’ouvrage, où l’on fait deux groupes de 3 brides séparés par 2ml au lieu d’une (pour former la pointe). Pour plus de facilité, et pour celles qui aiment visualiser, je vous indique ici le shéma de Mamzelle P., qui s’accompagne très bien de la vidéo de l’atelier de Joséphine (qui l’appelle elle, châle Sérena, une question de bordure apparemment, mais c’est la même méthode). Retenons ce qu’elle nous dit (pour celles qui du coup préfèrent entendre…) : lorsque l’on débute le rang, on fait 4 mailles en l’air… lorsque l’on arrive au milieu de l’ouvrage, on fait 2 mailles en l’air… et l’on termine toujours le rang par une maille en l’air + une bride (dans le même dernier arceau que celui où l’on vient de faire notre groupe de 3…). Une manière de procéder, « en tournant autour » en quelque sorte, qui nous permet de comprendre « dans nos mains », pourquoi des chakras qui sont littéralement des « cercles », les mystiques nous disent qu’ils sont en réalité des triangles… 🤔
Une fois terminé (874 mètres de fil plus tard…), mon châle mesure 2 mètres 40 de large par 90 cm de haut, ce qui est assez grand… mais l’un des avantages de cet ouvrage, c’est que vous pouvez vous arrêter quand vous voulez, soit que vous êtes à court de laine, d’envie ou de temps. J’aime les couleurs neutres, mais ce modèle rend aussi très bien avec un fil qui change de couleur « tout seul » ! ou en alternant les rayures, régulières ou non… Magnifique aussi (et beaucoup plus « transportable » mais moins durable…) dans une laine plus fine, type mohair. À la toute fin, vous pourrez vous amuser en ajoutant diverses bordures ou, pourquoi pas, des franges. Et si d’aventure vous deveniez « accro » à ce « demi carré grand-mère », souvenez-vous que ces grands ou petits châles font de fabuleux cadeaux, très appréciés par les temps (météo ou non) qui courent…
Comment crocheter conscient ou faire un châle-prière ?
Alors que vous le(s) fassiez pour offrir ou pour vous-même, pourquoi ne pas rendre ce processus un peu plus intentionnel et conscient (c’est toujours le propre du yoga, n’est-ce pas…) en faisant de votre châle un châle-prière ? Je dis un « châle-prière », car manifestement un châle de prière ou de méditation, c’est un châle que l’on utilise pour prier ou pour méditer. Non seulement pour qu’il nous tienne chaud lors des fraîches petites heures matinales, pour qu’il nous « ancre », et nous « concentre », mais également pour qu’il nous procure une sensation de protection, et de retrait, temporaire, vis-à-vis du monde extérieur.
Un châle-prière (pour faire la différence…), c’est un châle qui durant son processus de fabrication, a été « infusé » de pensées bienveillantes ou de prières. On les appelle aussi « châles de paix » ou « châles de réconfort ». On commence l’ouvrage avec quelqu’un « en tête », et l’on dit une prière, un poème, une intention en rapport avec cette personne au début et à la fin du projet. Ou, à chaque fois que l’on reprend et laisse l’ouvrage. Si le modèle choisi est suffisamment simple (comme celui que vous avez-là), on peut même répéter cette phrase, prière ou mantra à chaque point ou groupe de points (comme avec un mālā finalement…), ce qui rend ce processus infiniment « soignant », tant pour le « crocheteur » que pour « le crocheté »… (mais cela peut se faire sûrement, avec tout art manuel). Et lorsque l’ouvrage est prêt à (s’)offrir, on peut y glisser une petite carte avec la prière récitée (ou non, comme on veut…). De toute manière, l’intention imprégnée point par point dans la fibre du châle sera ressentie. C’est ce qui rend tellement magique et émouvant de recevoir un cadeau fait-main… nos bras, nos mains étant, comme je vous le dis souvent en relaxation, « le prolongement naturel de notre coeur »…
« Il y a quelque-chose d’extraordinaire s’agissant d’un châle fait-main, cette sensation de chaleur, d’amour et de soutien dans laquelle il enveloppe celui qui le porte, particulièrement dans les moments difficiles. »
_ Janet Seveni Bristaw du Prayer Shawl Ministry (oui, cela existe ! dans le Connecticut et depuis 1998).
Voilà… Je vous souhaite de méditer bien chaleureusement, Gwenaëlle.